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Anef : pourquoi le gouvernement persiste malgré les dysfonctionnements ?

L’Anef, la plateforme numérique pour les étrangers, fait face à de nombreuses critiques pour ses dysfonctionnements. Découvrez pourquoi le gouvernement persiste.
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Promue par l’État comme la solution miracle pour simplifier les demandes de titres de séjour, l’Anef (administration numérique pour les étrangers en France) est pourtant devenue, pour certains, le symbole d’une dématérialisation imposée coûte que coûte… quitte à sacrifier l’accès aux droits de milliers de personnes. Face à l’avalanche de dysfonctionnements et aux cris d’alerte des associations, le député Idir Boumertit (La France insoumise) a demandé au gouvernement pourquoi celui-ci refuse de revoir sa copie.

Anef : pourquoi le gouvernement persiste malgré les dysfonctionnements ?



L’Anef : une plateforme pensée pour moderniser, mais vécue comme un obstacle

Pour rappel, l’Anef a vu le jour en 2020 avec un objectif : dématérialiser progressivement toutes les démarches liées au séjour des étrangers. En théorie, cette transition devait répondre à deux priorités :

  • moderniser un système devenu obsolète (AGDREF) ;
  • simplifier les procédures pour des millions de demandeurs.

En réalité, le quotidien des usagers est bien différent. « Une enquête nationale menée par la Fédération des acteurs de la solidarité, rendue publique en octobre 2024, documente de manière approfondie l’ampleur des dysfonctionnements constatés sur le terrain », rappelle le député dans sa question. Car « sur plus de 480 structures interrogées, 82 % estiment que le Centre de contact citoyen (CCC) n’apporte aucune aide concrète aux usagers et seulement 5 % déclarent que leur préfecture propose systématiquement une modalité de substitution en cas de blocage ».

Ce constat n’est pas seulement porté par les associations. La Défenseure des droits, autorité indépendante, a dénoncé en 2024 des « atteintes massives aux droits des usagers ». Elle appelait à garantir un véritable accès multicanal, notamment pour les plus vulnérables. De plus, le Conseil d’État expliquait dès 2022 qu’aucun téléservice ne pouvait être obligatoire sans garantir une solution de substitution accessible.

À noter : en cas de difficultés, vous pouvez contacter l’un de nos conseillers au 0891 150 366  (0,80 €/min + prix d’un appel).

Pourquoi le gouvernement refuse de changer son dispositif ?

Alors, pourquoi le gouvernement tient-il à maintenir ce dispositif malgré les nombreuses alertes et critiques ? Selon le ministère de l’Intérieur, les difficultés rencontrées par les usagers s’expliqueraient en grande partie par le chevauchement actuel entre la nouvelle plateforme Anef et l’ancien système AGDREF, encore partiellement en service. « Son décommissionnement, actuellement en cours, permettra de réduire ces difficultés techniques et le déploiement des dernières fonctionnalités sur l’Anef permettra de les résoudre durablement », indique-t-il.

Par ailleurs, l’administration souligne que des solutions d’accompagnement ont été déployées pour aider les personnes bloquées. Ainsi, les usagers rencontrant un problème technique peuvent signaler leur situation au Centre de contact citoyen (CCC), qui travaille en lien avec la Direction générale des étrangers en France (DGEF) et les préfectures pour proposer des alternatives au dépôt dématérialisé classique. « Les signalements non résolus par le CCC représentent donc 0.4 % du volume des demandes », précise le ministère.

En parallèle, des moyens humains ont été consacrés au renforcement des services. « Un plan de renfort triennal à hauteur de 570 vacataires a été déployé au titre des années 2022 à 2024. En 2025, il a été décidé de maintenir à un niveau équivalent aux années précédentes », ajoute le ministère de l’Intérieur. Enfin, la communication auprès des agents et du public a été renforcée, rappelle-t-il, avec la diffusion d’« un guide agents, une foire aux questions (FAQ), des fiches métier ainsi qu’un kit de communication destiné aux services préfectoraux ».

 

Rédacteur
Olivier Calcagno
Expert & Rédacteur


D’un naturel curieux, aimant écrire et féru d’actualité, je me suis rapidement orienté vers la rédaction web. Après un détour par la PQR (presse quotidienne régionale), me voici désormais sur démarches administratives, avec toujours la même envie : celle de vous informer le mieux possible.