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Boire du vin : des médecins rétablissent la vérité sur sa toxicité pour la santé

Suite au soutien public d’Emmanuel Macron et de certains membres de son parti envers la filière viticole, 9 médecins souhaitent faire comprendre aux Français que le vin est un alcool comme les autres et n’est donc pas bon pour la santé. Ils demandent ainsi au gouvernement de s’engager davantage pour la prévention du risque alcool.
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Dans une tribune publiée lundi 5 mars dans le Figaro, 9 médecins demandent au gouvernement la mise en place d’un « plan alcool ». Ils souhaitent par ailleurs rétablir la vérité sur les méfaits du vin qui est un alcool comme les autres. Le point sur cette tribune.

Boire du vin : des médecins rétablissent la vérité sur sa toxicité pour la santé




Les déclarations d’Emmanuel Macron ont mis le feu aux poudres

Le président a déclaré le 22 février « boire du vin le midi et le soir ». Il a par ailleurs indiqué que sous son quinquennat, il n’y aurait pas « d’amendement pour durcir la loi Evin » dans le but de limiter la publicité pour les boissons alcoolisées.

« Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se soûle à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin », avait-il aussi affirmé à des journalistes de la presse régionale, en marge d’une rencontre avec des agriculteurs.

Les médecins souhaitent « porter à la connaissance du public les évidences scientifiques »

Dans leur tribune, les médecins expliquent : « Loin de diaboliser le vin, il convient de porter à la connaissance du public les évidences scientifiques. Ainsi, les effets sur la santé ne dépendent pas du type d’alcool, que ce soit du vin, des spiritueux ou de la bière ; ce qui compte, en termes de toxicité, c’est la quantité d’alcool bue ».

Ils ont également affirmé leur soutien à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui, un peu « seule contre tous » au sein du gouvernement, avait déclaré sur France 2 « Zéro différence du point de vue du foie… C’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. (…) On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu’il apporterait des bienfaits que n’apporteraient pas les autres alcools. C’est faux scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre. »

Les scientifiques s’insurgent également contre les propos tenus publiquement par certains membres du gouvernement. Christophe Castaner, délégué général de La République en marche, a notamment affirmé sur BFM qu’« il y a de l’alcool dans le vin, mais qu’il n’est pas fort […] le vin fait partie de notre culture, de notre tradition, de notre identité nationale. Il n’est pas notre ennemi ».

Le vin est la seconde cause des cas de cancers en France après le tabac

La communauté médicale précise également que « le vin représente près de 60 % de la consommation d’alcool ; l’alcool tue près de 50 000 personnes par an et est la seconde cause de cancer après le tabac ; l’alcool, notamment le vin, est à la source de violences familiales, conjugales et de violences sur la voie publique, de binge drinking”, d’une part importante des affections mentales, des suicides et de la mortalité accidentelle et routière ».




Les médecins veulent que le gouvernement s’engage pour la lutte contre l’alcoolisme

Entre le fort lobbying de la filière viticole et le fait que beaucoup de Français considèrent le vin comme notre emblème national, les médecins et les associations de prévention du risque alcool ont du mal à se faire entendre. Ces derniers voudraient voir l’État « s’attaquer au tabou de l’alcool en élaborant puis en adoptant un plan national alcool ».

Ils voudraient voir « le président de la République (…) être le garant de la protection de la population et des plus fragiles ». Ils rappellent aussi que « 60 % des Français trouvent la réglementation de l’alcool insuffisante ».

Qui sont les signataires de cette tribune ?

Il s’agit de 9 médecins : le Pr Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, le président et le vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), Nicolas Simon et Bernard Basset, la Dr Irène Frachon, pneumologue (Brest), Catherine Hill, épidémiologiste réputée ainsi que les professeurs Serge Hercberg (expert en nutrition) Amine Benyamina (psychiatre, addictologue), Albert Hirsch (Ligue contre le cancer) et Gérard Dubois (Académie de médecine).