Les immigrés sont-ils plus nombreux à acquérir la nationalité française ?
Alors que 6 millions d’étrangers résident en France, selon une étude de l’Insee publiée le 7 octobre 2025, une question se pose : les immigrés sont-ils de plus en plus nombreux à acquérir la nationalité française ? Derrière cette interrogation en apparence simple se cache une réalité plus nuancée, marquée par des évolutions contrastées selon les époques et les origines.
La part des immigrés à acquérir la nationalité française diminue
Ainsi, entre 1968 et 1982, la proportion d’immigrés ayant acquis la nationalité française a légèrement diminué, passant de 31,5 % à 28,9 % avant d’augmenter régulièrement pour atteindre 40,8 % en 2009. Durant cette période, le nombre d’immigrés naturalisés a doublé, alors que la population immigrée étrangère croissait à un rythme plus modéré. Toutefois, depuis la fin des années 2000, les acquisitions annuelles ont décliné nettement, en particulier les naturalisations par décret qui ont fortement chuté en 2011 et 2012 sans revenir aux niveaux antérieurs.
« En conséquence, la part d’immigrés de nationalité française diminue progressivement depuis 2009 », écrit l’Insee avant d’expliquer : « une modification des conditions d’accès à la nationalité peut encourager ou décourager d’effectuer les démarches nécessaires pour être naturalisé ». Pour rappel, ces dernières années, les conditions de la naturalisation par décret ont connu plusieurs changements.
Bon à savoir : les immigrés obtiennent la nationalité française principalement par décret (48 829 en 2024). Une autre voie principale est la demande de nationalité par mariage (15 910 en 2024).
L’acquisition de la nationalité française varie selon les régions d’origine
Par ailleurs, les tendances d’acquisition de la nationalité française ont évolué selon les régions d’origine. L’Insee observe que « la part d’immigrés nés en Europe ayant acquis la nationalité française diminue de façon continue depuis le milieu des années 1990 », en raison notamment des facilités offertes par la libre circulation dans l’espace Schengen. À l’opposé, la proportion d’immigrés originaires d’Afrique ou d’Asie naturalisés avait fortement augmenté entre les années 1980 et la fin des années 2000 avant de décliner légèrement depuis 2009.
Les données de l’Insee indiquent ainsi qu’en 2024 37,2 % des immigrés nés en Afrique et 34,8 % de ceux nés en Asie ont la nationalité française, tandis que cette proportion n’atteint que 27,5 % pour les immigrés européens. Ces différences s’expliquent par divers facteurs, notamment « le poids des conditions administratives, la maîtrise du français, et la possibilité (ou non) de cumuler la nationalité française avec celle d’origine », indique l’institut. Par exemple, les ressortissants chinois ont un taux relativement faible de naturalisation, autour de 20 %.
