Radiation de France Travail : qui sont les demandeurs d'emploi radiés ?
Vous imaginez que la radiation des listes de France Travail ne concerne qu’une minorité de cas isolés ? Détrompez-vous : derrière les données se dessine le portrait d’un public bien identifié, particulièrement exposé aux parcours d’exclusion administrative. Qui sont ces personnes radiées ? Pour quelles raisons ? Plongée dans la réalité de la radiation de France Travail, grâce aux données de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques).
Radiation de France Travail : de quoi parle-t-on exactement ?
Avant toute chose, comprendre la radiation de France Travail, c’est saisir qu’il s’agit avant tout d’une sortie administrative forcée des listes, bien différente d’un retour à l’emploi ou d’une inscription volontaire dans une autre activité. Concrètement, être radié prive l’ex-demandeur d’emploi de l’accès à ses droits (allocations chômage, accompagnement personnalisé) et complique son ré-accès aux dispositifs d’aide.
Bon à savoir : en 2024, la radiation à France Travail concernait en moyenne 55 000 demandeurs d’emploi par mois.
Le portrait-robot du demandeur d’emploi radié de France Travail
Loin du cliché du simple retardataire ou du fraudeur isolé, la réalité brossée par la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) dessine un profil très marqué :
- Majorité d’hommes jeunes : 61 % des demandeurs d’emploi radiés sont des hommes, alors qu’ils ne représentent que 50 % des inscrits non radiés. La jeunesse est également surreprésentée : 28 % des radiés ont moins de 25 ans.
- Moins diplômés : seuls 5 % des radiés disposent d’un diplôme de niveau Bac +3 ou supérieur, contre 15 % chez les non-radiés.
- Forte présence dans les quartiers prioritaires : 18 % résident dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (contre 13 % pour les non-radiés).
- Précarité et isolement : Les radiés vivent plus souvent seuls, sans enfant à charge (58 % contre 49 %).
- Poids des minima sociaux : Près d’un demandeur d’emploi radié sur 5 (19 %) perçoit le RSA.
- Radiations à répétition : Un tiers des personnes radiées en 2024 avaient déjà subi au moins une radiation dans les 2 années précédentes.
Quels sont les motifs de radiation de France Travail ?
Les principaux motifs avancés par France Travail relèvent moins d’une absence de volonté que de difficultés structurelles :
- Absence à une convocation (62 % des cas) : souvent liée à des problèmes d’organisation, de manque d’information ou d’instabilité (changement d’adresse, accès numérique limité…).
- Recherche d’emploi jugée insuffisante (35 %).
- Fraude (3 %).
Que deviennent les demandeurs d’emploi radiés de France Travail ?
Les personnes radiées s’éloignent rarement durablement de France Travail. Par exemple, parmi les radiés du mois de janvier 2023, 48 % reviennent au moins une fois dans les 3 mois qui suivent, et près de 70 % se réinscrivent dans l’année. C’est nettement plus que l’ensemble des autres sortants des catégories A, B, C, dont seulement 29 % se réinscrivent en 3 mois et 54 % en 12 mois.
À noter que ce taux de réinscription est encore plus élevé pour ceux radiés pour « recherche insuffisante », avec 56 % qui se réinscrivent en 3 mois. Les radiés pour fraude, eux, reviennent plus tardivement, leurs sanctions entraînant en général une exclusion d’au moins 6 mois.